La poésie et l’art pictural sont inséparables chez William Blake. De sa formation de dessinateur et de ses aspirations littéraires, il fait une oeuvre unique. Sa pensée est empreinte d’un violent rejet de l’Eglise en même temps que d’un mysticisme exalté.
Quelques oeuvres :
Abel
Et Elohim créa Adam, 1795
Hécate
Un jeune nègre pendu vivant par les côtés à un échafaud, 1796
Le Mariage du ciel et de l’enfer
Ce texte apparaît pour la première fois en 1887 dans une revue; et entre 1790 et 1794, William Blake travaille à le retranscrire sur des planches ornées de gravures, puis de peintures.
Ce texte court, divisé en huit chapitres, donne un aperçu de la pensée de l’auteur. Rejetant toute morale, Blake glorifie le rôle de l’énergie dans la vie humaine et chez l’homme lui-même. Croyant fervent, il méprise l’Eglise dans son rôle de pseudo intermédiaire : « Prisons are built with stones of Law, brothels with bricks of Religion » (On édifie les prisons avec les pierres de la Loi, les bordels avec les briques de la Religion »), et lui oppose un Dieu présent dans l’homme et qui agit par l’homme.
Blake est un homme du désordre et de l’excès : « If the fool would persist in his folly he would become wise » (Si le fou persistait dans sa folie il trouverait la sagesse »), « The road of excess leads to the palace of wisdom » (« La route de l’excès mène au palais de la sagesse »).
Selon Blake, l’homme a besoin, pour s’accomplir, du mal autant que du bien. La force effective du mal est un levier de la création -et de la création poétique en particulier. Le poète relève autant de Dieu que du diable. Nier le mal , c’est abandonner l’énergie, qui fait s’accomplir l’élan créateur de celui qui est sûrement mû par le bien… Le mal est nécessaire et est glorifié au même titre que le bien, car fruit de la Création et composante de l’humanité.
Blake achève sur ces lignes : « Note. This angel, who now become a devil, is my particular friend. We often read the Bible together in its infernal or diabolical sense, which the world shall have if they behave well. I also have the Bible of Hell – which the world shall have whether they will or no. One law for the Lion and Ox is Oppression. » Auparavant, un démon fait l’inventaire des péchés de Jésus, et dit : « I tell you no virtue can exist whithout breaking these ten commandments. Jesus was all virtue, and acted from impulse, not from rules ». Jésus est donc la première incarnation de cet homme devenu sage après avoir été fou… La toute dernière phrase invite à séparer l’humanité en deux : les hommes ordinaires, et les autres. (Ainsi du discours de Raskolnikov dans Crime et Châtiment). Ceux appelés à devenir sages, les élus de l’humanité, plus que peuvent, doivent pécher, enfreindre les règles, celles posées par les autres hommes.
La foi de William Blake est une foi ardente, qui s’attache à ressentir Dieu à chaque instant, et dans le monde et en lui-même. Il proclame l’indépendance et la liberté en vertu de cette grâce dont il se sent doté, grâce qu’il exprime au moyen de son art. Une revendication de l’action et de la liberté presque athée (pensons au « Si Dieu n’existe pas, tout est permis »). Sauf qu’ici, Dieu est, et que l’excès mène certains à lui…